2003 marque donc le cinquantième anniversaire de la conquête du Toit du Monde. Tensing Norgay est décédé en 1986. Quant à Hillary, jusqu’à son décès, il retourna chaque année au Népal. Afin de célébrer ce «Christophe Colomb des temps modernes», le Népal et le peuple sherpa ont mis sur pied un événement grandiose, le «Golden Jubilee».
En présence bien sûr de Sir Edmund Hillary et de son épouse, Lady June, plusieurs activités ont animé la capitale, Kathmandu. Parades, musique et chants traditionnels, réceptions, inaugurations, expositions philatéliques, réunions, congrès… Des alpinistes du monde entier se sont retrouvés au pied de l’Himalaya pour entourer le Grand Edmund Hillary.
L’occasion se prêtait à merveille pour réunir un grand nombre d’alpinistes ayant réussi l’ascension de l’Everest. Appelés «summiters», ils ont créé une association et se sont prêtés à une fructueuse réflexion sur la montagne et plus particulièrement, sur les conditions d’ascension de la plus haute montagne du monde.
Il fallait voir et entendre ces summiters ensemble, échanger souvenirs, anecdotes et prochains défis. Peu importe leur langue, leur religion, leur origine, leur race, tous se sont tenus debout, là-haut, au sommet des sommets. Une médaille fut remise par le premier ministre népalais à tous les summiters de l’Everest présents aux célébrations.
Plusieurs grands noms de l’alpinisme se sont donné rendez-vous aux côtés de Hillary. Citons seulement Reinhold Messner, le premier à réussir l’ascension des 14 montagnes de plus de 8 000m d’altitude, Junko Tabei, cette surprenante japonaise, 1ère femme au sommet de l’Everest (1975). Peter Habeler avec ses 40 expéditions himalayennes ainsi que l’infatigable polonaise Anna Czerwinska avec ses nombreuses ascensions en très haute altitude et ayant réussi l’Everest à l’âge de 50 ans.
Sans oublier, bien sûr, des dizaines de sherpas alpinistes qui ont su, au cours des ans, gravir l’Everest plusieurs fois. Des records tout à fait incroyables ! Apa sherpa et ses 13 réussites, Lhakpa Gela sherpa et son ascension la plus rapide qui soit, en 10 heures 56 minutes ainsi que Migma sherpa, qui partageait le sommet de l’Everest avec moi, le 5 mai 1999. Ils sont parmi les plus grands alpinistes et surtout, leurs sourires éclairent la haute montagne.
Quelques alpinistes et surtout 400 sherpas lui ont démontré leur joie d’être près de lui. Il était manifestement très heureux d’assister à un spectacle, tout en simplicité, réalisé par les sherpas venus spécialement de leurs villages d’altitude pour danser et chanter.
Durant 3 jours, sans arrêt, Hillary était là, près des gens qui lui redisaient toute leur admiration. Marchant lentement, à l’aide d’une canne, il s’est penché des milliers de fois, les mains jointes pour recevoir les foulards de soie et dire «Namaste». Son regard perçant, sa mémoire sans faille, sa prestance… il ressemble à la haute montagne qu’il a escaladée, il est fort comme elle et toujours vivant.
Les médias du monde entier ont suivi l’événement. Innombrables sont les reportages relatant cette unique ascension. Images, photos, témoignages ont ravivé notre mémoire. Et dire que les plus grandes sources d’information concernant les statistiques de l’Everest sont écrites à la main, sur des petites fiches, rédigées par une seule personne, Miss Elizabeth Hawley. Cette américaine, native de Chicago, demeure à Kathmandu depuis plusieurs décennies. Elle porte une attention toute particulière à ceux et celles qui s’aventurent vers le Toit du Monde. Origines, dates de naissance, expéditions antérieures, itinéraires empruntés, altitudes exactes des campements, conditions de réussite… Elle rencontre tous les alpinistes de l’Everest, sans exception. Elle est devenue, au cours des ans, l’unique référence, même auprès des autorités gouvernementales népalaises. Vive et charmante, elle est le lien privilégié de Sir Edmund Hillary au Népal.