Devons-nous croire qu’il reste des régions non explorées, que l’Antarctique est la dernière frontière de l’explorateur ? Sa beauté originale demeurée intacte, l’exploration de ce continent de glace et l’ascension du Mont Vinson, attisent l’attrait qu’on les explorateurs pour les régions isolées. L’ampleur absolue de ce continent et la nature même de l’ascension en font une expédition hors de l’ordinaire.
Chronologie
Décembre 1992 : Bernard déroule la carte et trace l’itinéraire.
Janvier 1993 : Voyage de reconnaissance en Antarctique.
Avril 1993 : Bernard se rend au pôle Nord magnétique, une première canadienne.
Janvier 1994 : Lancement du projet à Montréal.
Avril 1994 : Bernard se rend au pôle Nord géographique, au départ d’une base scientifique dérivante russe.
Mai 1995 : Bernard, Thierry et Benoit Roy traversent le Groenland, une première canadienne.
9 octobre 1995 : Conférence de presse et rencontre des amis, parents et partenaires.
24 octobre 1995 : Départ de Montréal et installation à Punta Arenas, en Terre de Feu, au Chili.
6 novembre 1995 : Arrivée en Antarctique, Patriot Hills.
6 novembre 1995 : Départ de Patriot Hills, arrivée à l’Île Berkner, point de départ de l’expédition.
9 novembre 1995 : Départ de l’expédition.
12 janvier 1996 : SUCCÈS, arrivée au pôle Sud géographique à 10h47, heure de Montréal.
Équipement
La progression s’effectue à ski de fond pour un meilleur rendement technique. Tout le matériel est rangé dans des pulkas (traineaux en fibres de verre) tirés par chaque skieur. Le choix d’une telle autonomie est imposé par l’isolement et l’itinéraire projeté: immenses glaciers, pentes abruptes et altitude.
Les 170kg de matériel dans chacune des pulkas constituent un défi technologique. Afin de ne pas excéder cet objectif, chaque pièce de matériel, chaque ration de nourriture, chaque vêtement est rigoureusement pesé et mesuré en volume. La légèreté est une des clefs du succès de l’expédition puisqu’il faut parcourir des milliers de mètres de dénivelé dans des conditions de froid et de tempête.
Le quotidien
Bernard et Thierry skient de 9 à 11 heures par jour. Pour chacun d’eux, l’expédition exige une consommation totale de 400 000 calories. La nourriture emportée répond à plusieurs exigences: niveau calorique suffisant, répartition adéquate en glucides, lipides et protides tenant compte de l’effort fourni, faible poids et enfin, rapidité de préparation. En définitive, il s’agit d’atteindre un maximum d’efficacité.
Souvent, le froid interdit tout arrêt. Des fruits secs et un mélange de noix constituent le repas du midi qui est pris en skiant. De courtes pauses sont toutefois nécessaires pour boire, faire le point sur la carte et se reposer. Les repas du soir et du matin sont chauds grâce à l’utilisation de petits réchauds qui brûleront 50 litres d’essence. Toute l’eau indispensable à la cuisine provient de la neige. Les menus sont variés, légers par déshydratation ou lyophilisation et consistance (6500 calories quotidiennes).
Montée en moins de cinq minutes, la tente devient à la fois le refuge, le salon, le lit et certainement le lieu où naîssent les prochains projets d’aventure. Se laver avec la neige devient une habitude. Tirer, pousser, grimper, skier font partie du quotidien mais aussi regarder et écouter pour mieux comprendre cet environnement. Chaque jour, un journal est enregistré sur bandes magnétiques, sur photo et sur vidéo afin de rapporter des images de ce monde irréel.
Communications
Les communications entre les explorateurs et le camp de base de Montréal se font de deux façons :
1. Par téléphone
D’un poids de 16kg (batterie incluse), le téléphone permet d’expédier un message en direction d’un satellite de type IMMARSAT en position géostationnaire à 35 000km au-dessus de l’équateur. Le satellite retransmet ensuite l’appel au camp de base à Montréal. La batterie nécessaire au fonctionnement du téléphone est rechargée par des panneaux solaires. L’antenne est incorporée dans le couvercle du boîtier contenant le téléphone. Tous les experts consultés prévoient toutefois que le téléphone ne pourra plus servir au-delà du 82e parallèle, la courbure de la terre faisant obstacle au signal.
2. Par balise Argos
Bernard Voyer et Thierry Petry transportent une balise Argos qui émet un signal à toutes les deux minutes vers deux satellites qui passent à 8000m au-dessus du pôle Sud à 100 minutes d’intervalle. En plus des informations sur leur position, la balise est programmée par code pour fournir de nombreux autres renseignements (condition physique et psychologique, type de terrain, km parcourus…). Après avoir été capté par un des deux satellites, le signal émis par la balise est relayé vers Toulouse en France et ensuite retransmis à Montréal sur un ordinateur.
Un autre aspect des communications est celui qui peut renseigner à chaque instant les skieurs sur leur position exacte:
Le géopositionnement satellitaire (GPS)
Ce système s’appuie sur un réseau de 24 satellites déployés à une altitude de 20 000km et faisant le tour de la terre en 12 heures. La position des explorateurs est calculée par triangulation à partir d’un signal lancé par l’appareil et reçu par au moins trois satellites simultanément. Ce GPS a la dimension d’un baladeur.
Le programme scientifique et technologique
1. Communications
Les explorateurs envoient directement de l’Antarctique des données alphanumériques, vocales et iconographiques au camp de base. Pour réussir ces expériences, ils utilisent des outils à la fine pointe de la technologie satellitaire.
Partenaires : Argos France, Compaq Canada, CTA Aerospace U.S.A.
2. Nutrition
La préparation de la nourriture a une incidence fondamentale sur la réussite de l’exploit. Les repas ont été préparés selon les techniques les plus modernes de lyophilisation (séchage à froid). La recherche concernant l’aspect nutrionnel de l’expédition pôle Sud est concentrée sur trois points:
- l’évaluation des besoins énergétiques et nutritionnels en fonction des conditions climatiques extrêmes,
- l’évaluation calorique de l’effort physique fourni,
- la satisfaction de ces besoins par une ration alimentaire équilibrée et pratique qui est préparée pour 70 jours.
Partenaires : Cintech AA, Lyosan
3. Physiologie
Bernard réalise 5 séjours de 24 heures en chambre isolée avec atmosphère controlée. On étudie particulièrement le métabolisme basal.
Partenaire : Université Laval, Docteur Angelo Tremblay